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Les rois maudits
La guerre de Cent Ans
Héritages
La légende des « Rois Maudits » s’est récemment répandue grâce au roman éponyme de Maurice Druon, de l’Académie Française, écrit entre 1955 et 1977. Celui-ci a enjolivé une certaine réalité historique d’éléments romancés qui, avec le temps, finiront par se confondre avec la réalité historique.
1 – Le roi de fer, centré sur l’histoire de Philippe le Bel, roi de France et de Navarre mort en 1314. C’est lui qui, dans l’affaire des « brus du roi », ou de la tour de Nesle, condamne ses brus, Marguerite de Bourgogne, épouse de Louis X, Blanche de Bourgogne, épouse du futur Charles IV le Bel, et Jeanne de Bourgogne, épouse du futur Philippe V, empêchant par là même ses fils de lui assurer une descendance nombreuse. En 1307, il condamne au bûcher les Templiers et, selon Maurice Druon, c’est alors que le grand-maître des Templiers, Jacques de Molay, aurait prononcé sa malédiction sur sa descendance jusqu’à la treizième génération, qui tient plus d’une ancienne légende que de la réalité.
2 – La reine étranglée, centré sur l’histoire de Marguerite de Bourgogne, épouse de Louis X et mère de la future Jeanne II de Navarre, elle-même mère de Charles II dit « le Mauvais », morte à Château Gaillard en 1315. Les détails de sa mort, donnés par Maurice Druon, ne sont pas historiquement étayés.
3 – Les poisons de la couronne, sur la vie de Louis X après son remariage.
4 – La Loi des mâles, relatant l’accession au trône de Philippe V, alors que celui-ci aurait en principe dû revenir à la fille de Louis X, Jeanne de France, future Jeanne II de Navarre. En effet, la Loi Salique ne permettant que l’accession des mâles au trône est postérieure à ces évènements (voir Idées reçues).
5 – La Louve de France, tournant autour des manigances d’Isabelle de France, épouse d’Edouard II d’Angleterre.
6 – Le lis et le Lion, situé à la fin du règne des Capétiens directs, lorsque Philippe de Valois accède au trône. C’est à cette occasion que Jeanne de France devient reine de Navarre.
7 – Quand un roi perd la France, postérieur aux Capétiens directs, puisqu’il se place à l’époque du règne de Jean II dit « Le Bon », qui entrera en conflit avec Charles II de Navarre dit « Le Mauvais » avant d’être fait prisonnier à la bataille de Poitiers. Le récit est raconté à travers le personnage du cardinal Hélie de Talleyrand-Périgord, qui tenta en 1356 de négocier la libération de Charles II lorsqu’il avait été fait prisonnier par Jean II.
Maurice
Druon reprend ainsi l’histoire des derniers Capétiens directs, qui sont
intimement liés à la vie de Jeanne de France, fille de Louis X le Hutin et
reine de Navarre de 1328 à 1349 sous le nom de Jeanne II, puis de son fils
Charles II dit « le mauvais », roi de Navarre de 1349 à 1387.
Du roman à la réalité :
Louis X le Hutin, né en 1289, fils de Philippe IV le Bel et de Jeanne Ière de Navarre, devint roi de Navarre à la mort de sa mère en 1305. Ce n'est qu'en 1314 qu'il devint également roi de France, lorsque mourut Philippe le Bel. De sa mère, il avait également hérité des importants comtés de Champagne et de Brie, qu'elle tenait de ses ancêtres, comtes de Champagne avant d'être rois de Navarre.
A peine deux ans après être monté sur le trône, Louis X le Hutin décéda le 5 juin 1316, officiellement pour s'être trop échauffé au jeu de paume et d'avoir bu ensuite du vin trop frais. A sa mort, il laissait une fille de quatre ans, Jeanne, née de son premier mariage avec Marguerite de Bourgogne. La nouvelle reine, Clémence de Hongrie, était enceinte de trois mois et demi. Si elle accouchait d'un fils, il serait le futur roi de France. En attendant, son oncle Philippe, comte de Poitiers, se fit nommer régent des royaumes de France et de Navarre, ce qui lui permit de bien s'installer à la tête de la France.
Le 15 novembre 1316, la reine Clémence accoucha d'un fils, que l'on baptisa Jean et qui aurait été proclamé roi. Il est resté dans l'Histoire sous le nom de Jean Ier le Posthume. En principe, il était roi de France, et le comte de Poitiers, n'était que le régent. Mais Jean le Posthume décéda cinq jours après sa naissance. En théorie, sa soeur Jeanne de France, dernier enfant survivant de Louis X le Hutin, devenait la seule héritière des trônes de France et de Navarre ainsi que des comtés de Champagne et de Brie.
Le jeune Jean était décédé fort opportunément pour le comte de Poitiers, déjà solidement installé à la régence de France depuis juin 1316. Il fit proclamer que "femme ne pouvait hériter du royaume de France", puis se fit sacrer roi, avec toutefois une forte opposition, notamment de son oncle Charles de Valois, qui estimait devoir succéder à Louis X, de son frère Charles - le futur Charles IV - qui refusa d'assister au sacre, et du duc de Bourgogne, partisan et soutien de Jeanne de France. Contrairement à une idée répandue, la loi salique ne fut jamais invoquée à l'époque. Cette loi ne fut "redécouverte" qu'en 1358, lorsqu'il s'agit de contrer les prétentions au trône de France de Charles II de Navarre, dit "le Mauvais", propre fils de Jeanne de France et Philippe d'Evreux. Ce qui fit que le comte de Poitiers finit par se faire proclamer roi sous le nom de Philippe V le Long à la place de sa nièce Jeanne de France, fut qu'il disposait de bien plus d'appuis politiques, alors que cette dernière était surtout soutenue par le duc de Bourgogne, Eudes IV,, qui ne représentait alors pas un parti assez puissant.
Le comte
de Poitiers se fit proclamer roi le 19 novembre 1316 et devint Philippe V le Long.
Après son frère Louis X, le premier roi capétien décédé sans fils viable depuis l'an
mil, Philippe V fut l'un des "Rois Maudits" décrits dans le roman à succès de Maurice
Druon, dans lequel Jacques de Molay, maître du Temple, aurait prononcé en 1314 sur
le bûcher une malédiction à l'encontre de Philippe IV le Bel et de ses descendants
sur 13 générations.
Doté de talents de fin politicien, tacticien et d'administrateur, Philippe V fut
celui qui monta sur le trône tout en ayant reconnu que Jeanne de France conservait
ses droits à la couronne et qu'elle pourrait à l'âge de douze ans, en 1323, les faire
valoir ou y renoncer en échange de la Navarre, de la Champagne et de la Brie. Il avait
sans doute prévu de pousser cette spoliation à son terme en cette année 1323, mais il
n'en eut pas le temps car il trépassa avant même cette échéance.
Il laissa quatre filles mais aucun fils pour lui succéder. Philippe V le Long, roi de
France et de Navarre comme son frère, est Philippe Ier dans la chronologie
navarraise. N'ayant pas été sacré roi à Pampelune comme le voulaient les lois
navarraises, les Navarrais ne reconnurent pas ses filles comme héritières possibles
du royaume.
Charles IV
le Bel succéda à son frère Philippe V le 3 janvier 1322, sans tenir compte lui non plus
des droits de Jeanne ni des filles de Philippe V. Pas plus que pour ce dernier, son
règne ne sera glorieux, et il sera maudit à son tour.
Face aux revendications de Jeanne et de son mari Philippe d'Evreux, il leur échangea
les comtés de Brie et de Champagne contre le comté d'Angoulême, qui en fait leur
revenait déjà depuis 1317, et quelques rentes. Une belle opération, somme toute.
Charles IV décéda le 1er février 1328, ne laissant qu'une fille après trois mariages.
N'ayant pas non plus été sacré à Pampelune, elle n'eut aucun droit sur la couronne
de Navarre.
Aucun de ceux qui avaient pris la place de Jeanne sur les trônes de France et de
Navarre ne vécut bien longtemps et ne laissa de fils. Après Charles IV le Bel, la
couronne échut à des collatéraux, les Valois, dont le premier fut Philippe VI, surnommé
à l'époque "le roi trouvé". N'étant pas descendants de Jeanne Ière de Navarre,
ils n'avaient aucun droit sur ce royaume.
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Philippe d'Evreux (Jeanne II et Philippe III de
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