Jean II "le Bon", roi de France de 1350 à 1364

Un roi finalement pas si bon que cela...

 

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Jean II dit "le Bon" (1319-1364), 
roi de France de 1350 à 1364 
(Musée du Louvre, Paris)

Une légitimité discutée

Jean II dit "le Bon", (1319-1364) est le deuxième roi de la dynastie des Valois, après son père Philippe VI. Il devient roi à la mort de celui-ci, le 22 août 1350, c'est-à-dire un peu moins d'un an après Charles II de Navarre, dit "le Mauvais", dont il est l'aîné de 13 ans.

L'origine de son surnom "le Bon" reste source d'interrogations mais constitue pour les historiens vulgarisateurs un merveilleux pendant à celui de son adversaire, Charles II "le Mauvais". Certains disent qu'il faut entendre "le Brave", d'autres "le Bon". Mais tel ne semblait pas être l'avis de ses contemporains, et Pierre Cochon n'hésitera pas à écrire à son sujet, dans sa chronique datée de 1430, « Et fu le plus mauvez et plus cruel qui omcques fust ». Mais les historiens rétabliraient ensuite l'image de ce roi comme il se devait.

Tout comme Philippe VI de Valois, il a du mal à faire reconnaître sa légitimité, n'étant descendant que de cousins du roi Louis X le Hutin et de ses frères Philippe V et Charles IV, derniers rois capétiens directs. C'est sans doute pour asseoir son pouvoir et sa crédibilité qu'il fera exécuter le connétable de France, Raoul de Brienne, comte de Guînes, exécuté sans autre forme de procès le 19 novembre 1350.

Jean II dit "le Bon" en conflit avec Charles II de Navarre, dit "le Mauvais"

Le roi Charles II de Navarre, petit-fils de Louis X le Hutin, ne cessera dès 1350 de réclamer les héritages dus à sa mère, Jeanne de France, et entrera rapidement pour cela en conflit avec Jean II. Celui-ci choisira d'en faire son lieutenant en Languedoc (1351) afin de l'éloigner de la capitale. Mais Charles II étant rentré à Paris fin 1351, Jean II finira par lui accorder sa fille Jeanne (février 1352) afin, peut-être, de le calmer dans ses revendications.

Mais, déjà débiteur de Charles II, Jean II ne règlera pas non plus le montant de l'énorme dot désormais due à son gendre. Pire, il donnera à son connétable et favori, Charles de la Cerda, des terres qui constituaient en principe l'héritage de Charles II. Début janvier 1354, Charles de la Cerda meurt assassiné par les hommes du roi de Navarre, suite à quoi Jean II lui vouera une haine féroce qui ne diminuera jamais. Mais Charles II, plus fort que jamais, parviendra ainsi à se faire attribuer de nombreuses terres en Normandie (traité de Mantes, 22 février 1354) en compensation des dettes du roi de France.

Jean II n'honorera pas plus ses engagements que précédemment. Dès août 1354, il tentera purement et simplement d'assassiner Charles II à un banquet. Et ce n'est qu'en étant revenu avec une armée recrutée en Navarre, que Charles II se fera remettre au traité de Valognes (septembre 1355) les terres qui lui étaient dues depuis 1354. 

Las des manoeuvres et des gesticulations de son gendre, en Normandie notamment, Jean II l'attirera dans un guet-apens à Rouen en avril 1356, en le faisant inviter à un repas donné par son fils, le Dauphin Charles, futur Charles V. Charles II de Navarre sera arrêté sans ménagement, puis traîné de prison en prison, à Château-Gaillard, au Louvre, au Châtelet puis en Picardie, d'où il s'évadera le 9 novembre 1357. Mais à Rouen, Jean II ne savait pas qu'il ouvrait la porte à sa propre perte.

Prisonnier des Anglais

Entre-temps, l'arrestation de Charles II avait conduit son frère Philippe de Navarre à déclarer la guerre au roi de France et à solliciter l'aide du roi d'Angleterre Edouard III. C'est donc bien pour avoir arrêté Charles II que les armées anglaises déferleront en France à l'été 1356 : Philippe de Navarre et le duc de Lancaster en Normandie, le Prince de Galles plus au sud en partant de Bordeaux. Les armées française et anglaise se rencontreront à Nouaillé, près de Poitiers, où les Français seront vaincus et Jean II fait prisonnier, le 19 septembre 1356. 

Le déclin

La suite du règne de Jean II ne sera que chaos pour la France. Les Anglais demanderont pour sa libération la somme astronomique de 4.000.000 d'écus, que la France ne pourra bien entendu pas payer sans difficulté. Son fils Charles deviendra régent de France, mais ne parviendra que difficilement à s'imposer face à la bourgeoisie entraînée par Etienne Marcel, en présence de Charles II de Navarre revenu sur la scène politique et cherchant à recouvrer ses biens voire à s'imposer, dans un pays parcouru par des brigands de toutes origines, notamment Anglais.

Revenu en France en décembre 1360, il trouvera encore une occasion de spolier Charles II de Navarre suite au décès du duc de Bourgogne, Philippe de Rouvres, mort le 21 novembre 1361. Philippe de Rouvres n'avait ni enfant, ni frère, ni héritier proche, et l'héritier du duché de Bourgogne n'était autre que Charles II de Navarre. Jean II annexera purement et simplement le duché, profitant de l'éloignement de Charles II, qui venait juste de rentrer à Pampelune.

Rentré en Angleterre ( ! ), Jean II meurt en captivité à Londres le 8 avril 1364.




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